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EdoWorldArtworks

EdoWorldArtworks : L'Art Libre

BENJA

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Il était une fois, un jeune garçon malgache prénommé Benja. Il était le dernier enfant de la famille Fitiavana. Il était aussi le seul fils de la famille. Il avait trois soeurs aînées, Miora, Malala et Sariaka, qui adoraient le taquiner. Il détestait cela, mais il aimait tellement ses soeurs qu'il préférait les laisser faire.
La famille Fitiavana était l'une des plus importantes de Madagascar. Elle n'était pas riche mais elle avait, depuis la nuit des temps, pour mission de protéger le sentiment d'amour sur l'île.  Tovo, le père de Benja, en était le chef. Il avait perdu sa tendre épouse, Ravaka, lorsqu'elle mit au monde le dernier de ses enfants. Depuis, il s'efforçait de les élever dans un environnement favorable, à l'abri de tous les problèmes quotidiens. Pour les malgaches, la vie était un combat de tous les jours. Mais, pour les enfants de Tovo, la vie semblait être un doux et merveilleux rêve.
Tovo n'avait pas de profession. Malgré ce défaut, il n'était pas dans le besoin. Protéger le sentiment d'amour était un emploi à plein temps pour lui qui passait ses journées à résoudre les problèmes des couples. Ces derniers, pour le récompenser de ses services ou pour le dédommager du temps perdu, le payaient gracieusement à la hauteur de leurs moyens. Certains le payaient en argent, d'autres lui donnaient de la nourriture pour lui et ses enfants. Payé de la sorte, il avait la possibilité de mettre de l'argent de côté. Hélas, cet argent était insuffisant pour offrir des études à ces quatre enfants. Il décida donc de marier ces trois filles à des hommes fortunés afin qu'elles soient à l'abri du besoin. Benja fut donc le seul à être envoyé à l'école. Tovo, en voyant les résultats prodigieux de son enfant, comprit qu'il avait fait là le bon choix. Il comprit aussi qu'un jour son fils devrait partir de l'île pour découvrir le monde et y apprendre le sens de la vie. Ce jour arriva rapidement.

A ses 21 ans, Benja prit la décision de partir poursuivre ses études en France. Son père était fier de lui. Mais, en même temps, il était inquiet car Benja ignorait tout de la France. Serait-il accepté par les français ? C'était son angoisse. Il ne voulait pas voir son fils rejeté pour une question, aussi primaire que barbare, de couleur de peau.
Benja ne se faisait pas de mauvais sang. L'idée de partir en France l'excitait à un tel point qu'il ne se souciait pas des problèmes qu'il pourrait rencontrer une fois là-bas. Mais, Tovo ne cessa de lui rappeler de rester prudent.
L'un des gendres de Tovo possédait son propre avion et son propre aéroport. Le voyage de Benja, pour aller en France, se limitait simplement à des démarches administratives, un peu compliquées, il faut bien le dire. Il avait fallu à Benja deux mois d'attente pour obtenir un visa étudiant et un passeport en règle. Mais, quand le jour de prendre l'avion arriva, ces mois d'attente semblaient être trop court pour lui, comme pour le reste de la famille Fitiavana.

La trajet Madagascar-France se passa plutôt bien, sans aucune difficulté particulière. Mais, l'arrivée en France fut une autre histoire. Les douanes françaises arrêtèrent Benja après un simple contrôle de routine. Il était accusé d'avoir essayé de faire entrer sur le territoire des fausses pierres précieuses. Ces pierres n'étaient pas fausses et elles lui appartenaient. Tovo avait confié à Benja quelques talismans, qui appartenaient à la famille Fitiavana depuis plus de 100 ans, afin de le protéger du mauvais sort.
Benja était donc mis aux arrêts et traité comme un véritable délinquant. La police ne lui accordait même pas le bénéfice du doute. Toutefois, les officiers de police lui accordèrent le droit d'appeler un avocat. Benja en profita donc pour appeler le consultat de Madagascar. Il précisa au Consule les motifs de sa détention et les conditions dans lesquelles il était traité par les policiers.
Quelques instants après ce coup de fil, un ambassadeur se présenta au poste de police. L'homme, assez âgé, était très élégant, et très sûr de lui. Il se présenta auprès du chef du poste de police : << Je suis l'Ambassadeur Zo Masy. Le jeune Benja Fitiavana dispose de l'immunité diplômatique. Vous n'avez donc aucun droit de le retenir contre sa volonté. De plus, les talismans que vous lui avez pris sont authentiques et sont la propriété du clan Fitiavana depuis des années. >>
Le chef de la police ne releva pas la parole. Il regarde le jeune Benja et lui présenta ses excuses : << Toutes mes excuses Monsieur Fitiavana. Mais, vous comprendrez, qu'avec tous les traffics qu'il y a en ce moment, nous faisons preuve de prudence. >>
Benja ne prononça aucun mot et, en compagnie de l'Ambassadeur, il prit le chemin de la sortie.

L'Ambassadeur Masy conduisit Benja à Saint-Ouen où il devait être hébergé par un couple d'Africains. Benja avait à sa disposition sa propre chambre, ainsi qu'un accès à un ordinateur qui lui permetterait éventuellement de donner de ses nouvelles à son père en utilisant le réseau internet.

Le cursus universitaire de Benja se passa relativement bien. Même s'il n'avait pas d'amis, il s'entendait très bien avec ses enseignants. Et sa soif de connaissance faisait de lui l'un des meilleurs étudiants. Mais, si la vie d'étudiant lui réussissait, ce n'était pas vraiment le cas de sa vie. Benja ne se sentait pas très bien dans le foyer où il était hébergé. Il devait manger à telle heure, sortir à telle heure et entrer à telle heure. Il n'avait aucune liberté. Il lui était même interdit de fréquenter des gens à l'extérieur du foyer. On lui disait que c'était pour son bien. Benja en avait assez.

Un jour, à l'université, Benja se confia à un autre étudiant, Odae Edo, un jeune japonais qui avait décidé de se spécialiser dans les techniques informatiques.
Odae ne trouvait pas les conditions dans lesquelles Benja vivait normales. <<Franchement, ce n'est pas normal. Benja, on est en France, le pays de la liberté. Tu devrais pouvoir faire tout ce que tu veux, aller et venir comme tu l'entends...>>, déclara Odae.
Benja se mit à réfléchir sur sa situation. Lui, aussi, était convaincu que les choses devraient être différentes.

En rentrant chez lui, Benja expliqua au couple qui l'hébergeait que les choses devraient changer, qu'il devrait bénéficier d'un peu plus de liberté. Que n'avait-il pas dit là !
Le couple ne voyait pas les choses du même point de vue. En
colère, il roua le pauvre Benja de coups.

Un peu plus tard dans la nuit, Benja se sauva. Il se réfugia chez son ami Odae et lui expliqua la situation.
Odae était révolté. << C'est honteux de genre de chose. Reste ici autant que tu veux. Ma maison est la tienne. >>, déclara-t-il.
Ils passèrent la nuit à regarder des films romantiques. Odae et Benja se sentaient attirés par l'un l'autre. Irrésistiblement, ils s'embrassèrent et firent l'amour.
Jamais Benja n'avait ressenti autant d'affection. Les caresses d'Odae lui firent oublier les mauvais moments qu'il venait de passer. Etait-ce l'amour qu'il venait de trouver ?
Le lendemain matin, les deux amants se rendirent à l'ambassade de Madagascar. Benja y appris une mauvaise nouvelle. Son père était malade et il devait rentrer d'urgence dans son pays. Benja était effondré. Il n'avait pas envie de quitter Odae comme cela, mais il devrait rentrer. Si Tovo venait à mourir en l'absence de son fils, les pouvoirs de la famille Fitiavana cesseraient d'exister. Benja laissa donc Odae et se rendit auprès de son père.
A Madagascar, les traditions ont leur importance. Ils faut les perpétuer pour maintenir l'équilibre. Benja Fitiavana le sait. Son destin est de remplacer son père et protéger à son tour le sentiment d'amour. Ce n'est pas une mission facile mais Benja connaît le sens du mot amour. Il compte bien retrouver Odae et, ensemble, répandre et protéger l'Amour sur Terre.